Entre les données, recueillies par des appareils, et les conclusions ou décisions, prisespar les entreprises ou les hommes politiques, il y a une étape essentielle, qui est uneconstruction intellectuelle. Cette construction est réalisée par le mathématicien ; elles'appelle un modèle. C'est lui qui permet l'interprétation des données ; c'est lui qui per-met de dire : là elles sont insuffisantes, là l'incertitude est trop importante pour que l'onpuisse conclure. La confection des modèles est une science en soi ; beaucoup de discipli-nes -notamment la physique du globe- croient à tort pouvoir s'en passer. Est-ce arro-gance ou ignorance ? Nous allons voir les pitoyables résultats qui en découlent.
III. Données et modèlesLes données météorologiques disponibles actuellement sont trop peu nombreuses aussibien quant à la durée que l'étendue pour qu'on puisse en tirer quelque conclusion que cesoit. La mesure précise des phénomènes météorologiques est très récente ; en de raresendroits, certes, les mesures ont 10, 50, 100 ans, mais les relevés sont peu fiables. Ac-tuellement même, le réseau de capteurs dont on dispose, au niveau mondial, est très in-suffisant pour une observation globale : il faudrait accéder aux hautes couches de l'at-mosphère et, surtout, aux couches profondes des courants sous-marins : on le fait ici oulà, grâce à des sondes ou des ballons, mais seulement de place en place, avec une "densi-té des mesures" qui est très insuffisante. Il y a des zones, dans le Pacifique ou l'Atlanti-que, de taille 1 000 km x 1 000 km, de profondeur 5 km, sur lesquelles on ne disposed'aucune donnée ; cela fait tout de même 5.1015 m3 ! En particulier, la connaissance descourants sous-marins, qui jouent un rôle essentiel dans l'évolution du climat, est très li-mitée. Voir C. Carlier [1] pour une étude détaillée de la précision des données.
Les modèles employés sont extrêmement sommaires. Les modèles d'atmosphère utilisentdes lois de la mécanique très simplifiées ; les modèles d'océan sont encore plus frustes.Quant aux échanges thermiques ou chimiques, air-océan, océan-terre, terre-air, on n'enconnaît à peu près rien. Les modèles météorologiques sont incapables de précisions fia-bles sur une semaine, et on voudrait les faire parler sur 100 ans ! La plupart de ces ques-tions sont traitées "en interne" par des spécialistes des disciplines concernées, qui n'ontpas la formation mathématique requise.
dimanche 31 août 2008
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